
J’ai toujours lu. J’ai toujours aimé ça. J’ai commencé jeune. En plus des lectures volontaires, qui de fait me faisaient plaisir, j’ai eu des lectures scolaires pour lesquelles je n’ai que peu de récriminations .
Et même, il y en a certaines qui m’ont marquées à vie (ouais, je vois que tu aimerais savoir, alors j’en balance 2, profites : Nadja – André Breton, Si c’est un homme-Primo Levi). Alors j’ai de sacrés archives. Enfin, je devrais. Mais il se passe quelque chose d’étrange: j’oublie. Au point de ne souvent pas savoir quoi conseiller aux lecteurs qui me demandent. Je sens la pression monter et je me décompose. Comme si je n’avais pas de légitimité, parce que j’oublie. Mais dans ce qui me semble être un néant, cette incapacité que j’ai de parler de nombreux livres que j’ai lu, reste des sensations.
Ces sensations qui me persistent, comme gravées profondément, me permettent de me rappeler si j’ai aimé ou non. La lecture passe du cérébral au physique. J’ai aimé, et ce n’est pas que je le sais, mais que je le sens. Et je ne peux pas expliquer si c’est l’histoire, le style, l’originalité. C’est juste une sensation. Comme un goût dans la bouche.
Et ça me fascine.